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VOYAGE

D'ITALIE, DE DALMATIE, D E

GRECE ; ET DV LEVANT,

Fait ἐς années 1675.@ 1676. par lACOB SPON Doiteur Medecin Agercgé à Lyon , & GEORGE VVHELER Gentilhomme Azalos,

OM E:-.L

| k-*L ONCE NS Chez Antoine Crerrzrrzn le fils, rue Merciere, à la Conftance. | E Aa DU LXNFITL.

AVEC PAIVILEGE DV.ROX.

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jah EAM

AU. TRES-REVEREND PIRE - LE REVEREND PERE DE LA CHAIZE,

CONSEILLER DV ROY

& fon Confelleur ordinaire.

2ON REVEREND PERE, za

Ced

Comme ceft feulement l'a- mour de l'Antiquité, qui m'a fait entreprendre le “voyage d Itaüte de Grece : auffs ay-je cri ne- ceffaire aprés mon retour.de con-

| facrer mes remarques à une per- à fonne éclairée dans cette. anti- » adu

ἜΡΙΝ quite, tel que j'ay l'avantage, MoN REVEREND PERE, de vous (ΟἼΟΥ depurs plufieurs années y car apres les recherches que vous avez, faites l'incli- pation que vous avez. témoignée pour les bijoux antiques , il n'y a perfonne qui n accepte V. R. pour un jufle arbitre en cette matiere, €? qui ue sen tiene à [a de- ciffon. C'eft ce qui m'a fait pren- dre la liberté de vous prefenter , ce que je fum alle deterrer de plus curieux dans la Grece , e [^w [eg umets entierement à y0- ^ fre cenfure, cfperant que vous le recevrez. favorablement, de mé- ene que vous mo faiffex la gra- ce de me permettre à Lyon de

m

ΠΡ, 4 ARMES:

| vous aborder toutes les fois que | je fas quelque decouverte a antiquité ; C me flattant de lus, que comme vous aurez la bonté d'excufer les fautes qui [8 feront gliffées dans cet Ouvrage, “vous appuyerez.auffi de vôtre proteétion: les veritez que 1 y au- ray mi[es au jour. Souffrez donc de grace, M.R.P. que je vous cofdere plutôt comme un curieux ΤΠ ἦγε , que comme une perfonne vevétue du charactere éleve.dont

le plus fage de tous les Rois a re- comun “uûtre probité cotre suerite,co* dot l'amour que vous avez eu depuis lons-tems pour les Cefars eo les Heros de l'Antiqui-

. 26, femble avoir élé un heureux

4 3

EPITRE Augure, comme autrefoss l'iucli- nation du jeune Achille pour les armes fut un prefage de fes gran- des afdions. Infeélé que je fuis de l'air de la Province de la pou[- frere du Cabinet.ce feret mal fai- ve (za Cour decvous aller impor- tuner ju[fqu au milieu du Louvre, €? interrompre des occupations auffi ferieufes e auff importan- tes que les cuûtres. Il efl curay qu encore que je ne puif]e penfer à V.R. fans penfer en méme tems à citte place qu'elle occupe avec tant d'applandiffement , je ne defefpere pas neanmoins, que mes Obférvations vous pulfent étre utiles à cét égard : car il

v'eft rien de ft jufle, mi mème de /

CO. CURA x

EPA TRIE

ff necelfaire que de donner dans

les grands attachemens quelque relâche à l'efprit ; j'ofe fon- tenir quil gy en 4 point de plus noble ni de plus azreable, que celuy qui nous eff procuré par la con; deratiom des Monnmens antiques , particulierement des Medailles c? des Marbres; qui feront d'égale durée avec le. monde. Ce ne peut-être, dis-je, Mon REVEREND PERE, qu'un divertiffement digne d'une

ame héroïque eo d'une e perf 0n- me» qui eff iuce[]amment prés

d'un grand Monarque, d'avoir

tous les jours entre les mains

des marques empreintes far le

bronze fur la pierre, de la à 4

EPITRT. rvertu des anciens Heros. - On y «void la pompe de leurs triom- phes ; leur clemence envers les peuples fouss » les particuliers recompenfez, de leur foin de leur affcétiom pour le public. On yremarague la liberalité des Sou- cverains , «9 la reconnoiflance des fujets. Nerva qu donne du bled à toute la populace , Trajan qui diffribué des Couronnes à di- cvers concurrens , «o Hadrian qui fait du bien à toute la terre. On y obfirve enfin tout ce que

la cvertu morale &> les bonnes.

loix avoient infhiré de grand e de jufle à l'ancienne Rome. Les Marbres à la cverité ne peu- vent pas facilement être tranf"

-

EPA TRY | portes. pour orner les Cabinets - des curieux. On fe contente des | Copies qi en ont ete faites fur les origimatx. . Ceft , M. R:P. ce que vay ou de plas en cote dans mon voyage de Grece, ce qui. ne seff pas fait Jens peine eg* fins rifque y parma des peuples

grofféers 7 ignorans : mais je me tiendray tres - avautagenfe-. ment payé des peines que cette paffou zm 4 causées 5 (1. je puis par la contribuer à L aflortiment de cos curiofitez. , em joignant à vos Medailles les Infc craptioms des marores qué | 4) rapportéess de mème qu Aticus revenant de Grece apporta une. Hermathene . pour fervir d'ornement à la Bi-

à 5

EPITRE

bliotheque de Cicerou. 16. pour- roii dire à Votre Reverence, que ceft ma pafhorädominante » ff elle n'étoit [urmontée par une autre bien plus forte , qui eft de faire connoître à tout le monde. les fentimens de cveneration que. j 4y tohjours eus pour vôtre me- rite fiugulier ; «?* le zle refhc- Elueux avec lequel je feray toute MA CIE ;

MON REVEREND PERE, De Votre Reverence ,

à Lyon, ce 15.Novemb. . 1677-

Le tres-humble , & tres- obeiffant ferviteur ,

lacos Srom

-—

e Li 4.

x3 HE LR OPER) EA ER DEA Pap ME ἘΞ ceca

1 EOPRELPACE. ASE ST une chofe ordinaire,

pin que ceux. qui font des rela-

7 "sions de Voyage, traitent leur fujet felon leur Genie. Les uns ne parlent que de Palais, d'Eglifes ὃς de places publiques. Les autres n’entretiennent leurs Lecteurs que du plan des Villes, de leur Peuple, de leurs Fortifications & de leur Po- lice. Il y en a de plus fpeculatifs , qui s'attachent à décrire la Religion, les Mœurs & les Coütumes des Pays , ils n'ont fait que paffer. Quelques autres nous font la defcri- puon des Plantes , des Mineraux, & du Negoce des lieux qu'ils ont fre- quentez. J'avoue qu'un Voyageur devroit fcavoir répondre à tout ce qu'on peut s'informer de luy aprés fon retour ; mais c'eft une chofe à fouhaiter , plutôt quà efperer , à

PREF AC E. moins que de trouver un homme fort univerfel , qui eût beaucoup de fanté , de rentes & de loifir en fes Voyages. Pour moy , je n'ay pas à la verité negligé toutes ces particu- laritez , loríque je les ay appren- dre avec facilité & avec peu de frais: mais il ne fera pas mal-aifé de voir, quand je n’en ferois pas un aveu fincere , que mes plus grandes re- cherches ont eu pour but la con- noiffance des Monumens antiques des pays que j'ay vûs danc ce Voya- ge , & que Ç’a été ma plus forte inclination. Je ne me fuis jamais fort empreffé d'affifter aux plus cele- bres ceremonies de Rome, aux Con- certs ni aux Opera d'Italie. : mais comme j'avois entrepris & aflez avancé avant que partir, un ouvrage des Infcriptions antiques pour fervir de fupplément à celles de Gruterus, je paflay à Rome les jours & les mois entiers à ne faire prefqu'autre chofe que confiderer les ftatues , les bas reliefs & les mazures , & à co- pier toutes. les Infcriptions non feu-

PREFACE. lement qui ne fe trouvent pas dans Gruterus , mais aufli une grande partie de celles qui y font déja;pour examiner fi elles:y éroient exacte- ment rapportées : de forte qu'a- prés y avoir demeuré cinq mois de fuite & recueilli par le moyen de diverfes perfonnes intelligentes , toutes celles qui faifoient à mon fu- jet ; du Royaume de Naples & d'autres lieux d'Italie je n'avois pas deffein de me tranfporter, je m'en trouvay chargé de plus de deux mille inconnues à cét Auteur, dont il y en a nombre de tres-con- fiderables : & meditant deffus la belle recolte que j'en pourrois faire dans la Grece , les Voyageurs n'ont fait jufqu'à prefent qu'efileu- rer cette curiofité , il me prit une forte envie d’aller faire du moins une promenade jufqu’à Athenes , qui a été autrefois dans la Grece, ce que Rome fut dans l'Italie.Peut- être n'aurois-je pas executé mom deffein , fi je n'euffe trouvé trois G:ntilshommes Auglois qui s'offzi-

PREFACE. rent d'étre de la partie, & de parta- ger avec moy les rifques du trajet : mais comme la paflion de voyager croit en marchant , nous n'eümes | pas plutôt apperceu les cótes de la Grece , que nous dimes entre nous qu'il n'étoit pas jufte de la quitter fans voir Conftantinople , qui y tient prefentement le premier τη σὲ; & à peine eûmes- nous fejourné dans cette Ville-là un mois entier, que nous voyans fi voifins de l'A- fie mineure , nous nous crumes obligez de luy donner une de nos vifites avant nótre retour. Dans toute cette route jay trouvé de- quoy fatisfaire amplement ma cu- riofité , en ayant rapporté un grand nombre d'infcriptions Grecques qui n'avoient point encore le jour. J'en donne icy les plus cu- rieufes, & qui fervent à la Geogra- phie : mais comme cela n'eft pas du goût de tout le monde , je les ay renvoyées à la fin du difcours, qui en fera moins interrompu. Je les produis le plus exactement & Le

PREFACE. plus fidelement qu'il eft poffible : toute l'infidelité que j'y puis avoir commife , eft de n'avoir pas toû- jours faire entrer lesinícriptions felon la difpofition & le nombre des lignes qui font aux originaux , ayant été borné par la petiteffe du volume , ce qui fe pourra reparer dans une edition Latine en plus grande forme , fi celle-cy eft bien receüe. Une autre infidelité donc on pourroit m'accufer ; quoy qu'el- le foit avantageufe aux Lecteurs , eft que dans ces infcriptions Gre- ques je fepare les mots qui doivent être feparez , quoy qu'à la verité il n'y ait la plus grande partie du tems aucune diftin&ion fur les pier- res & les marbres d’où je les ay ti- rées , foit-par la faute des Scul- pteurs , ou par des raifons qui nous font inconnués. Ce qui fait une telle confufion , & donne tant de peine à les dechiffrer, qu'à caufe de cela dans le Livre intitulé Æ/#r#0- ra Oxonienfia , pour foulager le Le- éteur, on les a mifes premieremeng

PREFACE.. felen l'original , & enfuite en peti- te lettre avec les mots diftinguez & marquez des accens. fonds je n'ay pas crû que ce fcrupule fuft de fi grande importance , que ccla me düt obliger d'en ufer de la forte. Pour ce qui eft de toute la relation de ce Voyage , je ne crains pas qu'on m'accufe d'être menreur s comme laplüpart de ceux qui vien- nent loin, n'y ayant pas dit des chofes fort difficiles à croire, & la maniere fimple fans politeffe dont je les debire,ne les fera jamais paller pour des Romans; outre que Jay eu pour compagnon de mon Voyage , un Gentilhomme d'hon- neur Ánglois, qui n'a pas moins de. fincerité , & qui feroit connoître au public mon peu de foy , fi j'en avois manqué , ayant eu d'auff boiis:yeux que moy. Je croy qu'il &'eft. pas neceffaire. de juftifier icy Putilité que l'on peut tirer des In- fcriptions»antiques ; puis qu'on la trouvera affez établie ,. par la fuite de-ces Obfervations ; je prétens

PREFACE.

méme qu'elles font d'une neceffité indifpenfable à ceux qui fe veulent ingerer d'écrire des Antiquitez de quelque lieu : car qui peut par exemple dire,de qui étoit ce Monu- ment antique qui eft fur le Mulée à Athenes, s'il ne confulte l'infcri- prion qui s'y lit encore;ce que pou- voit étre ce Fanari tou Dimofthe- nis , fi l'on ne prend la peine de li- re ce qui eft gravé fur la frife. Je n'aurois point de méme été affuré que Salona fut la Ville d'Amphi(- fa , Caftri celle de Delphes , Hak- hiffas celle de Thyatire, Melaffo celle de Mylafa & non pas de Mi- let , fans le fecours des marbres an- tiques que j'y ay trouvez. Je n'in- fifte pas davantage deffus , parce que celuy qui voudroit niet opinià- trement une chofe fi evidente , ne merite pas qu'on prenne la peine de l'en convaincre , & je ne luy vou- drois oppofer que les premieres li-

nes de la Preface de Gruterus, il dit que les Infcriptions ont été de teut tems en fi grande cftime ,

PREFACE.

qu'on a toüjours crû à jufte titre, que celuy qui n'avoit pas de la ve- neration pour elles ne meritoit pas le nom de Sçavant , & que celuy qui les méprifoit meritoit celuy d'i-. enorant. Comme je ne penfe pas que cét Autheur ait eu par ces pa- roles le deffein de s’attirer un Elo- ge à lui-même, je ne pretens pas auffi tirer vanité des recueils que jen ay faits. Je m'y fuis appliqué plutôt par caprice & pour mon di- vertiffement, que pour devenir fça- vant. Bien loin de pretendre à cet- te qualité , je me contenterois d'é- tre de ces gens-là que Scaliger ap- pelle les porte-faix des grans hom- mes , en leur fourniffant par leurs fatigues de quoy exercer leurs fpe- culations,& enrichir leurs connoif- fances : auffi n'ay- je ajoûté d'expli- cation à mes marbres , qu'autant qu'il étoit neceffaire pour en don- ner quelque intelligence à ceux qui ont un peu de curiofité, mais que le travail & la meditation rebutrent, lors qu'il fe prefente quelque dif- culté dans leur chemin.

PREFACE.

Quelqu'un fera furpris de ce que je cite à la pag.201. du Tome II. un fymbole de S. Iean, à S.Gregoire Evéque de Neocefarée,qui n'a vécu neanmoins que long -tems aprés luy , à fçavoir dans le troifiéme fie- dle : mais il faut que les premiers Copiftes qui l'ont ajoüté aux Ocu- vres de S.Denys Areopagite , ayent cru ou que S.Iean ne foit point morr, comme quelques-uns des anciens fe le font perfuadez , ou que ce Sym- bole αἷς été diété à S.Gregoire;lors que S.Iean l’Evangelifte luy appa- füt : car du refte on ne peut pas en- tendre par ces mots de 5. Ieanle Theologien & l'Evangelifte;S.Iean Chryfoftome , qui ne vivoit qu'au quatriéme fiecle. Voicy les ter- mes Grecs du titre de ce Symbole. Θεολογία τῷ ἀγίς l'edvys T8 Θεολόγε xj ᾿ἐναγγιλιςᾷ, mpès τὸν ἅγιον T piryóexey one σκοπὸν Νεοχωσαρίας τὸν Θαρυματες yy,

----Ο

Fautes corriger.

Tom. L p^ 2. ligne 23. Aux Corde-

liers, lifez, aux Iacopins.

Pag.140. lign.16. lifez , Ville avec Château. |

P.143.1.19. lif. s’accommodent,

P.210. au titre, lif. l'Archipel.

P.2:1.12. lif. couverts.

P.240.l.18. lif.de fes fix vingt.

P.304.1.9. à Smyrne.

Pag.311.1 26. hfoùil y en a qui fe vendent.

Pag.512.lign.r. dix-huit livres & demy.

P.326.l.15. Ce font ces trois.

Pag.366.l.10. plufieurs autres oy- feaux, Ajoutez , à force de man-

- ger.

P.394.1.15. Il en avoit écrit trois mille. Lifez , il en avoit acheté trente mille. ,

Tom. Il.

| pe s Lar. lifexcellente & fort frai- | che. |

P.126.1.5. lif.de fi. P.179.1.19. appelloient.

τ TET Tnfcriptions du Tome ‘I.

Pas.o.lis.s. lifez, de la curiofité. P.28.1.14. dum quarit. P.108.1.8. lifez, MAPKOTY. P.175.1.23. au lieu de Caracalle,lif, Gordian.

_ P.179.1.21. de Laodicée. P.197.1.23. medailles, lifez,medail- . lons, P.199.1.8. lifez , πλανχισυ͵

Infériprions du Tome I I.

D.53.l.1.& 2. CMYPNAN, les deux lignes jointes. D.34.l.11. lifez, par la. —— ].16.au lieu de ç2.lif.32, |. P.36.1.22. Ef. Chalcidicus. P.58.1.16.lif. KIA IKIA.

P.45.l.:5. lif A bYAH NOT, P.53.112. lif. AYKOY PT OZ. P.142.1.20. liL XXV,

D. 172.l.10. lif. CVIILH. P.179.1.4. Iupiter Apemien. P.194.1.10. ayant eu le foin.

Wesen EXTRAIT DF PRIFILEGE du Roy.

pe Ar Lettres Patentes de la S127 Chancellerie du 28.May 1677 fellées du grand Sceau en cire jaune, & fignées, Par le Roy en fon Con- fil; DALENCE : Il eft per- mis au fieur IAcoB-Spow de faire imprimer un Livre intitulé , ojage d'Italie, de Dalmatie , de Grece οὖ: du Levant , fait és années 1675. & 1676. par Iacob Spon Docteur en Medecine Ageregé à Lyon , & Gcorge Vvheler Gentilhomme An- glois ; en tel volume & chara&ere, & autant de fois que bon luy fem-

- blera , pendant le temps de dix an- nées entieres & confecutives, à compter du jour qu'il fera achevé d'imprimer pour la premiere fois: avec deffenfes à tout autre de le faire imprimer ni diftribuer fans {on confentement , ni d'en faire des extraits ou abregez fous peine de trois mille livres d'amende , & confifcation d'Exemplaires contre- faits : A condition d'en mettre .deux exemplaires dans la Biblio- à; theque publique du Roy , une en celle du Louvre, & une en celle du fieur DAL 1G Rn E Chevalier Chance- lier de France ; comme il eft plus amplement porté par ledit Privi-

lege.

Ledit fieur Spon a cedé fon Pri- vilege à fieur Antoine Cellier fils Marchand Libraire à Lyon , par le Contract entr'eux fait le quator- ziéme Avril mil fix cent foixante dix-fept , receu par M^ Perrichon Notaire Royal audit Lyon.

b. Regiffre [ur le Livre de la Com- munauté des Libraires © Impri- meurs de Paris, le 4.Oëtob.1677. Signé, CourrzRor Syndic. Achevé d'imprimer pour la premiere fois

le 15.Novemb.1677.

Les Exemplaires ent été fourms.

Se ΝΑ ΜᾺ ΔΑ δ ang A St de De l'Imprimerie 58 ὃς de 3: |

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Antiqui adsiduws Meruit qui dicier dur. Cultor, Sepe Manu Marmora. prisca. terens|}

Moribus Antiquis S'PONIVS, priscoá pudore,

Quem. tabula expresfit parvulae, paré liber:

——— —ÓM

fe ὡς ΤΑΣ δε 4 = = VOY D'ITALIE, DE DALMATIE,DE GRECE & du Levant,

LIVRE PREMIER. Voyage de Provence, & d Italie

327€ V commencement d'Oc- MA tobre 1674. Monfieur ENS Vaillant Antiquaire du EG) Roy pafla à Lyon, dans

1777" le deffein d'aller en Italie

avec des ordres de Monfieur Col- bert, pour enrichir le Cabinet de fa Majefté, de medailles & d'autres An- tiquitez qu'il pourroit recouvrer en Íon voyage. Comme j'avois l'hon- neur de le connoitre , je luy fis con- fidence du deffein que j'avois de fai- rc le méme voyage ; & m'ayant té-

VALEN: CE,

' dans tous les Itineraires 5 ὃς qui vou 'donneroit peu de fatisfa&ion. 1

'và de plus remarquable, & que d

“os au Cabiner du Roy ; & l'on

%

2 Voyage de Provence,

moigné que ma compagnie ne Idy fe-1

roit pas defagreable , je luy donna parole de l'aller joindre à Marfeill

pour nous éiibarquet enfemble,qael-]-

ques affaires domeftiques m'obli geant de pafferà Creft en Dauphiné qui eft hors de la route de Provence Pour ne le pas faire attendre, je par- tis avant luy de Lyon, & me rendis Valence, fans m'arréter ni à Vienne ni à Tournon , je n'avois rien faire.

Ie vous avertiray d'abord , que j n'entreprens pas de faire une deferi pron exacte des Villes & des autre lieux de ma route ; ce qui fe trouv

vous diray feulement ce que j'y a

moins curieux que moy ne fe fon ‘peut-être pas donné la peine d'écrit ^fi exactement. Ie vids donc aux Cor deliers de ‘Valence le portrait -d't "fquelete de Geant trouvé prés de là. de l'autre côté du Rhône dans le Vi varets. On en a tranfporté quelqué

e d'Italie. 3

“montre au Convent de S.Rufs quel-

ques autres, qui font d'une grandeur

prodigieufe. Vn Chanoine me fit voir une dent deux fois plus épaiffe .que le poûce, & il pretendoit qu'elle - fuft de Geant: mais j'ofe affurer que - €'eft une dent d'Elefant, parce qu'cl-

le fe leve en écailles. On eft encore

plus infatué de ces os de Geans à

Soyons & à Charmes. Ce font deux . villages proche de Valence au delà ' du Rhône , & j'y fus pour voir quel- !ques antiquitez dont l'on m'avoit ; parlé. On m'y montra de ces grands os, & dans la campagne des pierres à | peu prés comme des pierres de mou- - lin troüées au milieu , dont les fem- mes de ces Geans, à ce que difent les “bonnes gens de ce pays-là , fe fer- "voient pour mettre au bout de leur nfufeau. Proche de Charmes je fus à Ja cime d’une petite montagne ; pour y voir un tombeau antique;dont per- #fonne, à ce qu'on me dit alors,n’avoit encore lire l'infcription. Le peu- …ple entêté d'une devotion indifcrete να fouvent vifiter ce fepulcre,preten- * dant qu'il eft de quelque Saint incon-

À 2

-

4 7γαρε de Proven ; —— nu. Ie ne pus neanmoins y obferv er aucune marque du Chriftianifme , comme étoient les croix , les figures | de la Bible, ou l’Alpha & l'Omega. De dix vers qui y font gravez je n’en pus lire que deux entiers , qui me femblent plutôt être des produétions d'un fiecle Payen ; & le temps qui confume toutes chofes, a effacé de la. pierre le nom de celuy qui y étoit enfeveli.

Eftant de retour à Valence on crutf m'obliger beaucoup de me faire voit un tombeau qu'on pretend étre de l'Imperatrice Iuftine , parce qu'on y lit deffus, D. 1vsriN A M. ce que Golniz dans fon Itineraire explique tres-mal Diva Iuflina Mater , au lieu de Diis Manibus Inflina : cax la pre- miete & la derniere lettre vont en femble , étant d'un charactere plu eros que le mot du milieu. C'eft-à- dire , que l'on recommandoit au Dieux Manes ou Infernaux cette Iu- ftine, pour qui étoit fait ce tombeau. Si vous me demandez pourquoy on n'y avoit mis que fon nom , fans au- cun titre, ni aucun cloge; je vous

& d'Italie. $ | pondray qué ce n'étoit qu'une petite fille, de qui il n'y avoit rien à dire, & dont les parens n'étoient pas confi- “derables, Ce que je n'avance pas fans raifon , puifque le tombeau eft petit, δὲ n'a aucun ornement,bien loin d’é- tre d'une femme d'Empereur , qu'on in’auroit pas enfevelie fi pauvrement, quand même le tombeau auroit été raffez grand. Joint que Iuftine étant une Imperatrice Chrétienne,les Dieux Manes ne convenoient pas à fon tom- beau. .. On me fit voir à côté de la porte S.Felix , une tour ronde qui avance "beaucoup plus en haut qu'en bas , de Worte qu'étant au pied, vous étes à couvert de la muraille.Quelques-uns «royent que c'eft un chef-d'œuvre: d'Architecture , comme la tour pan- chante de Pife & celle de Bologne, "avec lefquelles elle n'eft pas à com- arer , ni pour la grandeur > ni pour la fabrique.Mais le peuple;à qui d'or- dinaire tout ce qui eft difficile à pe- netrer , paffe pour miracle, dit que cette tour s'eft courbée de la forte, lorfque S,Felix & deux autres Mar r A 3

€REST

6 Voyage de Provence,

tyrs entrerent dans la Ville, comme pour fe profterner devant eux. Va- lence au refte n’a pas pris fon nom de l'Empereur Valentinian;comme quel- ques-uns ont avancé ; car Ptolomée qui vivoit du temps de Trajan &

d'Hadrian, en fait déja mention foûs . le nom de Valentia Colenia ; & jay: fait imprimer une belle infcription:

trouvée depuis peu à Die , ὃς gravé&

du temps de l'Empereur Philippe, où:

elle eft ainfi nommée.

CREST n'eft qu'une petite Ville:

à quatre lieucs de Valence, & n'étoit

dans fes commencemens qu'un Chá-. E teau fur la Drome des: Comtes: de Diois & Valentinois. Il: eft: fouvent.

parlé de la. Tour: de-Creft: dans.les- demélez qu'ils avoient avec les. Dau-- fins de Viennois; Ly trouvay aux murs dela: Cathedrale: une infcri-. ption de l'année 1188: oùil.eft faite

mention d'un de ces: anciens Comtes: # appellé Aymar de Poitiers, Ademarus:

de Piélawss,& une autre un peu moins. ancienne d'un certain Pierre Evéque: de Die. Dans laipremiere de cesin-- feriptions. cette Ville eft appellée

D [

e? d'Italie. 7 1€rifa , & dans la derniere C vefium : “mais dans les reconnoiffances de (τῇ manufcrites , clle. eft nommée Criffa Arnaudi , de quelque Seigneur qui portoicle nom d'Arnaud. Auffi eft-elle fituée à l’extremité d'une cré- τε de montagne, qui ne fait qu'une chaine depuis Grenoble. jufques à | Creft. Ie m'étonnay de voir fur la bporte de la Ville , les armes.du Prin- “ce de Monaco ; mais ma furprife cef- Ma,quand on m'eut dit que le Roy luy. "avoit donné les revenus de Creft,Va- Mence, Chabueil , Grane & Monteli- mar. Ce fut par cette derniere Ville E. je repris la route de Marfeille.

MONTELIMAR eft appellé A4oz- tilium. dans une infcripuon de l'an 1198. laquelle π᾿ εἴ autre chofe qu'u-

me exemption de droits & impofts "accordée par deux Seigneurs , qui en 'avoient alors la Souveraineté, ἃς qui "s'appelloient Gerald Aymar & Lam- bert. Le premier. étoit, Vicomte de Maxfeille . ἃς l'on trouve à Aix en, Provence une charte écrite en l'an 1213. contenant promefle de maria- 'ge entre Edcliarde fa fille;& Bertrand. ; ΑΝ

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MONTE. LIMAR,

On AN- ΘΕ.

8 Voyagc de Provence,

de Baux fieur de Meirargues. Mon- telimar a. une fortereffe prefque ne- oligée , & qui étoit peut-être alors

“une des plus confiderables places de

ces petits Seigneurs. De Montelimar je vins à Orange.

Cette Ville a des antiquitez bien remarquables , entre lefquelles il y a un Arc de triomphe , qui merite d'é- tre confideré. Les Trophées qu'on y void gravez feront des monumens eternels de la vi&oire de Marius & de Catulus fur les Cimbres , dont il en demeura deux cent mille fur la place, ὃς quatre-vingt mille prifon- - niers , felon qu'Eutrope en convient. ἡ. Il n'y a point à Rome d'arc de triom- phe de cette grandeur, ni méme fi fu- perbe ; car on void dans celui-cy un nombre de Roys captifs , & des ar- mes de differentes Nations entaffées les unes fur les autres. Peut-être qu'à Rome on craignoit d'en faire de fi hauts, pour ne pas donner lieu au, . murmure du peuple & à l'envie des Grans. Quoy qu'il en foit , ceux de Tite , de Trajan & de Gallien ne ré- pondent pas aux viétoires du pre-

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εὖ" 4 Italie. 9 mier , aux conquêtes du fecond , & l'orgueil du dernier. Les noms de ces

. deux Confuls paroiffent encore à de-

my dans une pierre de cet Arc. On y remarque d'un cóté Rome triomfan- te , ayant la téte entourée de rayons, pour fignifier par que Rome com-

_ mandoit par tout le Soleil éclaire.

Dans un autre coin de l’arcon void la figure de Marthe la Pythonefle te- nant le doigt à l'oreille, Marius la menoit avec grand honneur dans

- fes armées , pour luy predire le fuc- . cés de fes entreprifes. Il y a δῇ! à

Oránge un Cirque fort grand, & un pavé à la Mofaique dans une cham- bre baffle d'un particulier , eft re- prefenté fort au naturel un chat qui tient un rat entre fes dens ; ce qui fans doute avoit fon myftere en ce temps-là.

Aprés avoir quitté Orange, je paf- fay la petite riviere de Sorgue , qui n'eít confiderable que par le fejour qu'a fait dans ion voifinage le fa- meux Petrarque. Il y compofa ces beaux Vers qui ont fait l'admiration

τάς fon fiecle ; & l’on dit en effet

À 3j

AIX.

yo Voyage de Provence,

qu'elle a vers fa fource des endroits merveilleux pour les enthouziafmes des Poëtes. Comme je ne pretens point à cette qualité; je ne m'y arré- tay pas , & pourfuivant ma route , je vins par Cavaillon, Tort, Lambefc & S.Canal à Aix ville capitale de Pro- vence.

A 1X étoit appellée anciennement Aqua Sextia , parce qu'il y avoit des eaux chaudes , que Strabon aflure avoir été prefque changées en froides de fon temps. Elles font pourtant en- core tiedes , quoy qu'on les neglige,

& qu’elles ne fervent qu'aux Teintu= f

tiers , dans le quartier defquels on me les fit remarquer. Vn Seigneur Romain nommé Sextius y avoit mené une Colonie , & c'eft ce qui luy a donné fon fecend nom. Cet- te Ville eft une des mieux bâties de France , & les maifons du Cours font autant de Palais , dont l'Archi- te&ure eft beaucoup mieux entendué que celle du Cours de Marfeille, qui toutefois donne plus dans la vüc que celui-cy.

Le Cabinet de Monfeux Lauthier

d'Italie. II fait un des ornemens de la Ville. On y, void de petits ouvrages , excellens. & admirables des anciens Graveurs. fur des pierres precieufes; entr’autres une Bacchanale gravée dans un bel Eliotrope en ovale de la grandeur d'une piece de quinze fols. C'eft un joyau qui ne fe peut pas payer. Vne vandange gravée dans, une excellen- te Corniole,qui n’eft pas plus grande que l'ongle , quoy qu'il y ait quinze perfonnages . & trente-cinq figures d'inftrumens , vafes & autres chofes differentes. Vne téte de Marcellus fur une Cornaline , & une de Solon - fur une Amethyfte gravée par Diof- coride le meilleur Ouvrier qu'Augu- fte avoit à fes gages. En un mot c’eft un recueil furprenant d'Agathes,d'O- nyces,de Cornioles,de ΤΣ Sar- doines & de Jacinthes gravées en creux & en relief par les plus habiles maîtres de l'Antiquité. Il y a auff -. des coquillages , des vafes, des me- dailles , des ftatués » ὃς pluficurs au- tres galanteries qui réjouiffent la γᾶς & l'efprit.

Monfieur Borelly 4 des sableaux,

12 Voyage de Provence,

des chofes naturelles , des medailles d'or & des infcriptions antiques. τ conferve le fquelete d'un Cyclope. Ce n'étoit pas un de ceux qui man- gerent autrefois les compagnons d'Vlyffe, à qui il eut l'audace de cre- ver l’œil avec une longue poutreal- lumée , comme lui-mème le recite dans Homere. Celui-cy n'étoit qu'un enfant , avec un œil feulement au | milieu du front, comme l'Antiquité a accoütumé de reprefenter ces Mon- ' ftres.

Toutes ces curiofitez ne m'aue roient pas neantmoins tant retenu ἃς Aix,fans les manufcripts de Monfieur de Peiresk , que j'avois grande envie de feuilleter. Cét homme infatiga- ble en avoit laiffé prés de cent Volu- mes, ou de fa main, ou de celle de fes Secretaires. Vne partie eft entre les mains de fon heritier. Monfieur Si- bon en a dix chez luy. C’eft un tres- galant homme , qui a auffi un Cabi- net rempli d'une infinité de chofes rares, comme gravures, medailles, & autres pieces antiques. Vn de ces manufcrits traite des poids ὃς des me-

[

4

| e d'iralie. " fures des Anciens. Vn autre n'eft que de Genealogies. ju y en a deux qui ne traitent que des Langues Orientales,

|" & deux autres que d'Infcriptions an-

tiques,ce qui étoit demon σοῦτ & qui me convenoit mieux que le refte. Monfieur Sibon me permit d'en tirer ce que je voudrois. ly en trouvay plus de trois cent qui n'ont pas été

| imprimées , & entr'autres une tres-

curieufe , dont je me fouviens d'a- voir depuis quelques fragmens en

“Italie. Elle me femble fi particuliere,

que je crois vous en devoir dire quel- que chofe, C'eft une Infcription;qui contient beaucoup de noms de che- vaux,& le nombre des vi&oires qu'ils avoient remportées. Vous verrez fi ces noms avoient du rapport à ceux que nos Ecuyers donnent à prefent à leurs chevaux. Voicy les principaux qui fe peuvent traduire en Frangois. Le Pegafe, le Coureur, le Paffereau, le Loup , le Gay, le Mouchete , l'Ai- cle, le Meurtrier, l'Emeraude, le De- licar,le Grave, le Satyre, le Leopard, le Raviffeur,le Dedale,l’Archer,FAr- balète, le Dard, le Ramier, l'Eercvit-

14 Voyage de Provence,

fe, l’Araignée, l'Exa& , le Poignard,, le Romain , l'Aiax,le Franc, l'Inno-. cent, le Vainqueur, le Barbu, le Ru- fé, l'Argus ὃς l’Arion. Pour ce qui. eft de leur pays , la plüpart étoient, Africains , ce qui nous apprend que. ce n'eft pas depuis peu qu'on fait eftime des Barbes. Les autres étoient. d'Efpagne, de Mauritanie , de Cyre- | ne & des Gaules. Mais à propos de chevaux , je ne püs point apprendre, qu'étoit devenu l'Epitaphe de Bory+ fthene Coureur de l'Empereur Ha+ : drian. Elle avoit été trouvée à Nice, & portée à Aix , chez M.de Pciresx. Comme les Epitaphes des bétes font fort extraordinaires , elles doivent auffi avoir quelque cara&tere de poli- teffe, qui les faffe confiderer. On en lit une à Genes au Palais du Prince Doria , faiteà un de fes Chiens , & qui eft d'affez bonne maniere : maig je n'ay rien de fi galant que celle d'un Roffignol , gravée fur une Vrne antique de marbre qui fe void à Ro- me àu Palais du Cardinal de Ma- mis.

Lefcjour que je fis à Aix me fug

d'Italie. I$ |. plus favorable que je n'aurois penfé, - ayant été caufe que je n'arrivay pas à tems à Marfeille;pour m'embarquer avec M. Vaillant , dans le malheur duquel j'aurois été envelopé : puis qu'étant parti dans une Barque Li- vournoife , il fut pris par les Corfai- res avec une vintaine de Frangois,qui alloient à Rome voir l'ouverture du Jubilé, Bien que je m'engage dans une affez longue digreflion , je croy qu'elle ne vous déplaira pas, & que vous ferez bien aife d'apprendre une avanture que fes circonftances ren- dent finguliere, & que lui-méme m'a _ apprife depuis fon retour. Comme le Corfaire éroit d'Alger; ' quia paix avec nous, nos François fe flatterent qu'on les mettroit à terre, . comme il s'étoit pratiqué en d'autres rencontres : mais le Reis ou Capitai- ne appellé Mezomorto,s'en excufa fur _ce qu'il étoit trop loin de France & d'Italie , & qu'il n'aveit pas plus de provifion qu'il luy en falloit pour fon retour à Alger , promettant de les mettre entre les mains de leur Con-

ful à fon arrivée, On fe contenta de

16 Voyage de Provence,

leur faire configner l'argent qu'ils avolent , & de les fouiller en leur di- fant: Bona pace , Francefi , (ans leur parler d'efclavage. Mais dés qu'ils furent entrez à Alger , tout changea de face. Le Day, c'eft-à-dire , le Roy du Pays , prit fon huitiéme , qui eft fon droit fur les Efclaves de bon- ne prife , pretendant en faire autant | fur les Frangois,qui étoient reclamez - par le Chevalier d'Arvieux Conful de France. Le Bay fe fondoit fur ce qu'ayant écrit trois fois à fa Majefté | Tres-Chrétienne pour avoir huit Al-. | geriens qui étoient aux Galeres de | France , on ne les luy avoit pas ren- voyez , & ainfiil pretendoit vendre. - les François , pour racheter les huit | Turcs de cét argent. Le Conful s’y ! oppofa fortement , proteftant qu'il fe M vendroit plutót lui-même pour les : racheter, que de fouffrir qu'ils fuffent vendus,& que c'étoit rompre la paix. Le Day infiftant toûjours deflus, M M. le Vacher Pere de la Miffion luy - propofa de les mettre en depót jnf qu'à ce qu'on eût réponfe de France: ce qu'il accepta à condition de ne pas

e ditalie. 17 donner le pain aux François , qui fu- rent conduits au Bain de la Douane, : le Conful leur donna un écu par jour jaíqu'au mois de Février , qu'on : receut les Lettres du Roy qui pro- | mettoit de renvoyer les Turcs, pour- | veu qu'on renvoyát les François. Le | Day ne voulut pas commencer, & | tout ce qu'on put faire par le moyen | d'un renegat Parifien , à qui on‘don- pa cinquante piaftres fous main , fut d'obtenir la liberté de M. Vaillant, | qui fe devoit charger des Lettres du "Day. Dés le lendemain il Le fit venir devant luy , & luy dit : Sois le bien venu. Ayant apris que tu es au fervi- ce du Roy de France, je veux te ren- -voyer